L'air qui la tenaillait était froid, tout autour d'elle semblait geler, chaque livre, chaque meuble. Aria avançait dans ces avenues littéraires sans savoir où elle se dirigeait, sans savoir ce qui la poussait à avançait, telle un pantin, telle une misérable marionnette répondant à tous les ordres de son maitre. Elle voyait que tout tournait, que tout avançait dans le mauvais sens, et elle entendait. Elle entendait tous ces cris qui lui tuaient les oreilles, bourinant contre son cerveau tel une balle de tennis dans une salle de squash. Elle avait mal à la tête et elle ne comprenait pas. Était-ce un cauchemar? A lui jouait de nouveaux des tours et elle en était épuisée. Toute cette histoire la fatiguait, elle aurait voulu en trouver rapidement la réponse, et sa famille ne se serait peut-être pas déchirée. Mais elle n'y pouvait plus rien désormais, et elle ne pouvait pas remonter le temps. Elle tournait en rond, elle ne trouvait plus la sortie. Rapidement, tout devenait sombre, les étagères se recouvraient l'un liquide visqueux et noir et elle cru agoniser. Elle se recula vivement, prise de panique, et son corps heurta quelqu'un, tout de noir vêtu. Elle se retint de hurler et ferma les yeux. Lorsqu'elle les avait ré-ouverts, la bibliothèque était de nouveau normale et tout le monde semblait concentré dans divers bouquins ou autre devoirs. Aria soupira intensément, son coeur reprenait peu à peu un rythme calme et serein. Elle commençait ses cauchemars même éveillée maintenant, et ça l'inquiétait de plus en plus. Quel était le sens de tout çà? Qu'avait-elle fait à la fin pour que son cerveau se triture comme çà?

Elle se retourna contre cette étagère et la regarda. Elle la connaissait par coeur, du bout des doigts était prête à la réciter et à le retrouver, ce livre qu'elle avait lu tant de fois. Elle l'attrapa du bout des doigts et l'ouvrit à la bonne page. Rapidement, les paroles de B-26 lui montaient à la tête, et du bout des doigts, elle cachait les deux petits mots qui trônaient sous le titre. Elle ne voulait pas retomber dans ses souvenirs dans ses paroles et dans ses gestes. Un nouveau soupire sortit de sa bouche et en un mouvement, elle ramena le livre près de sa poitrine, laissant tomber doucement une enveloppe bleutée. Un gros A était dessiné sur la face supérieur et Aria hésita à se pencher. Elle la fixait, bloquée dans cette position comme si le temps c'était arrêté. Après quelques minutes, elle avait décidé, qu'il fallait qu'elle la ramasse avant que quelqu’un ne le fasse. On ne sait jamais ce que peut raconter A. Alors le papier qui touchait ses doigts la brûlait déjà et elle la reposa sur le livre, continuant inlassablement de contempler cette petite lettre qui l’aurifiait tant.


A.